La tradition malgache est un pilier fondamental de la vie sociale et culturelle sur la Grande Île. Parmi les rituels les plus profondément enracinés figure la circoncision, appelée localement “famorana” un rite de passage incontournable dans de nombreuses communautés, notamment dans les Hautes Terres.
La circoncision, ou fanaovam-bory, est une pratique ancestrale profondément enracinée dans la culture malgache. Héritée vraisemblablement des peuples austronésiens et africains, elle est bien plus qu’un rite d’hygiène ou de passage : c’est un acte sacré marquant l’entrée d’un garçon dans la communauté des hommes. Dès l’époque des royaumes traditionnels, notamment dans les Hautes Terres, la circoncision s’accompagnait de rituels complexes mêlant purification, symbolisme royal, et cohésion sociale. Chaque étape, du mivaky volo (ouverture symbolique des cheveux de la mère) au hampakarandrano (montée de l’eau sacrée), témoigne d’un lien profond entre spiritualité, famille et identité malgache. Aujourd’hui encore, ce rite conserve une valeur culturelle et symbolique forte dans de nombreuses régions de Madagascar.
À l’échelle mondiale, environ 30 % des hommes sont circoncis, avec un rythme impressionnant de 25 procédures chaque minute. Bien que la circoncision soit associée aux pratiques religieuses dans certaines régions — comme chez les musulmans (10 millions d’interventions par an) ou les juifs (100 000 cas annuels) —, elle dépasse largement ce cadre. En Afrique, environ 9 millions d’hommes subissent cette intervention chaque année. Ce qui distingue Madagascar, c’est que la pratique est quasi universelle, indépendamment de toute religion. Elle est souvent décidée par les femmes, qui soutiennent que les hommes circoncis sont plus hygiéniques, plus endurants, et plus fidèles aux normes sociales valorisées dans la tradition malgache.
Ce moment marquant se déroule généralement entre les mois de juillet et septembre, période jugée la plus saine en raison du climat hivernal tempéré, qui limite les risques d’infection ou de complications post-opératoires.
Cette tradition malgache, bien qu’ancienne, continue d’évoluer avec son temps. Elle coexiste avec les réalités contemporaines comme le calendrier agricole, puisque la saison des circoncisions coïncide aussi avec les débuts des travaux des champs, notamment la culture du riz. Malgré cela, la population persiste à pratiquer ce rite durant cette saison propice, pour des raisons de santé et de respect des coutumes.
Pour un voyageur en quête d’authenticité, s’immerger dans la tradition malgache permet de comprendre en profondeur les fondements culturels de Madagascar. Plus qu’un simple rituel, c’est une porte d’entrée vers l’âme d’un peuple fier de ses racines et de ses valeurs ancestrales.